Exégèse de la sourate 108 Al Kawthar (L’abondance)
﷽,﷽,
Au nom d’Allah le Tout Miséricordieux le très Miséricordieux
1. Nous t’avons certes, accordé l’Abondance.
2. Accomplis la Salat pour ton Seigneur et sacrifie.
3. Celui qui te hait sera certes, sans postérité.
Exégèse de la sourate Al Kawthar par Al Utaymin
L’abondance
Sourate mecquoise descendue après » Les Coursiers ». Elle compte trois versets.
Au nom d’Allah Le Tout-Miséricordieux le Très Miséricordieux
- Nous t’avons accordé l’abondance
- Accomplis la prière pour ton Seigneur et sacrifie [ pour Lui ]
- En vérité c’est celui qui te hait qui est le plus grand mutilé
Transcription :
- Innâ a’taynaka lkawthar
- Fa salli li rabbika wa-nhar
- Innâ shâni Aka huwa l-abtar
La basmalah a déjà été expliquée.
Cette sourate est mecquoise selon certains, médinoise selon d’autres. Est mecquois tout ce qui a été descendu avant l’hégire du Prophète (sws) vers Médine, qu’il s’agisse d’une Révélation descendue à la Mecque ou à Médine ou en chemin dans ses voyages. En revanche tout ce qui a été révélé après l’hégire est médinois. Cet avis est d’entre ceux des savants le plus pertinent.
S’adressant au Prophète (sws), Allah-Puissant et Majestueux- a dit:
« Nous t’avons accordé l’abondance-Innâ a’taynaka lkawthar »
« [A]l -lkawthar » désigne en langue arabe le bien en abondance. En effet, Allah le Très-Haut a accordé à Son prophète le bien en abondance, aussi bien dans ce monde que dans l’au-delà. Comme bien qu’Allah lui a accordé et ce grand fleuve qui est au paradis et qui coule à travers deux canaux dans sa « Vasque ». Son eau est plus blanche que le lait et plus douce que le miel, son parfum est plus suave que le musc. Les récipients [qui serviront à boire] seront aussi nombreux et aussi brillants que les étoiles du ciel.376
Cette « Vasque » sur l’aire de la résurrection le Jour du jugement. Boiront de son eau les croyants de la communauté de Muhammad [sws]. Quiconque s’était abreuvé de sa religion dans ce monde, s’abreuvera de son « Vasque » le Jour dernier. Quiconque ne s’était pas abreuvé de sa religion dans ce monde, en sera privé le Jour dernier.
Comme bien en abondance accordé au prophète dans ce monde, les cinq privilèges dans le hadith suivant : « J’ai reçu cinq dons qu’aucun Prophète n’avait reçu avant moi. J’ai triomphé par la terreur sur un parcours d’un mois. La terre a été faite pour moi, mosquée et pureté ; tout homme de ma communauté, surpris par l’heure de la prière, peut prier là où il se trouve. J’ai reçu la permission de faire du butin, privilège qui n’avait été accordé à aucun de mes prédécesseurs. J’ai reçu le don de l’intercession. Les prophètes, avant moi, étaient envoyés uniquement à leur peuple ; j’ai été envoyé à l’humanité tout entière. » 377
Le fait que le Prophète [sws] soit envoyé à l’humanité entière, lui apporte du bien en abondance, car de ce privilège s’ensuit nécessairement qu’il sera parmi les prophètes celui qui a le plus grand nombre d’adeptes. Comme l’on sait, celui qui guide vers le bien est comme l’auteur de ce bien.378 Or, celui qui a guidé vers le bien cette communauté qui dépasse toutes les communautés en nombre est Muhammad [sws], donc chaque fois qu’un membre de sa communauté reçoit une récompense, il en a une part.
Comme faveur accordée au Prophète [sws] le Jour de la résurrection, la position de louange donc fait partie la grande intercession. En effet le jour dernier les gens resteront très longtemps sur l’aire de la résurrection.
Ils seront dans un souci et une affliction insupportables, ils chercheront alors quelqu’un qui intercèdera en leur faveur pour qu’une sentence soit prise. Ils iront voir Adam, puis Noé, puis Ibrâhîm, puis Moïse ben, puis Jésus. Ils s’excuseront tous. Lorsqu’ils iront trouver Muhammad [sws], il se lèvera et intercèdera auprès d’Allah Le Très-Haut qui acceptera son intersection et jugera entre les gens.
Il sera alors dans une position où les premiers et les derniers le loueront. Cela entre dans la parole d’Allah :
« Sans doute ton Seigneur te ressuscitera-t-Il dans une position de louange ! » 379
Donc « Al lkawthar » signifie le bien en abondance accordé au Prophète dont fait partie le fleuve au Paradis qui s’appelle lui aussi « Al lkawthar« .
- Quand Allah a rappelé sa grâce sur son prophète, Il lui a dit :
« Accomplis la prière pour ton Seigneur et sacrifie [ pour Lui] – Fa salli li rabbika wa-nhar » pour prouver sa gratitude à Son égard pour ce bien en abondance.
On entend par la prière dans ce verset toutes les prières, notamment celle liée au sacrifice, c’est-à-dire la prière de la fête du sacrifice- ‘îd al-Adha.
« wa-nhar« = « Rapproche-toi d’Allah par l’immolation ». Le »nahr« 380 est pratiqué sur les chameaux, alors que le « dhabh » et pratiquer sur les ovins et les bovins.
Dans ce verset, Allah a parlé de « nahr » parce que pour nourrir le plus grand nombre de pauvres, il vaut mieux immoler des chameaux plutôt que des bêtes d’une autre espèce.
C’est pour cela que lors de son pèlerinage d’adieu, le Prophète [sws] a donné comme offrande cent chameaux, il immola soixante-trois bêtes de sa propre main et laissa à ‘Ali le soin d’immoler le reste381 . Il ordonna que de chaque bête on prenne un morceau et qu’on le mette dans une marmite. Quand la viande fut cuite, il en mangea et but de sa sauce. Puis il ordonna de donner en aumône tout le reste, y compris les peaux.
L’ordre de ce verset est adressé au Prophète [sws] et à sa communauté. Nous devons donc consacrer la prière à Allah et nous devons consacrer l’immolation à Lui.
- « En vérité c’est celui qui te hait qui est le plus grand mutilé– Innâ shâni Aka huwa l-abtar »
« Shâni-aka »= » celui qui te hait »[ Il à la même racine que] « shana’an » qui est la haine, comme dans la parole du Très-Haut :
» Que la haine-shana’an- [pour vous] des gens qui vous avez naguère empêchés de parvenir à la Mosquée sacrée ne vous porte pas à transgresser« 382 et Sa parole : « Que la haine- shana’an- de certains gens ne vous porte point à ne pas être justes ! Soyez justes, cela est plus proche de la crainte pieuse 383.
« qui est le plus grand mutilé– huwa l-abtar »
« Abtar » est un superlatif. Il dérive de la même racine que celle du verbe « batara » qui signifie « couper ». Donc « abtar » est celui dont le bien est coupé.
Ce verset est descendu en réponse aux non-croyants de Quraysh qui disaient : » Muhammad est devenu mutilé à la mort de son fils Al Qâsim: « sa postérité est coupée » et il disait aussi qu’il est » mutilé –abtar– dans le sens qu’il était dépourvu de tout bien et de toute bénédiction et qui ne faut s’attendre à rien de bon ni de lui ni de ses adeptes.
Allah-Puissant et Majestueux- a répliqué que le plus grand mutilé est celui qui hait l’Envoyé d’Allah [sws] et qu’entre lui et le bien il y a une grande coupure, il n’y a aucun bien en lui, sa vie sera pour lui un remord accablant [le Jour du jugement].
Si c’est cela le sort de celui qui est le Prophète [sws], il est aussi le sort de celui qui est sa Loi/religion –shar’-. En fait, quiconque déteste les lois de l’Envoyé [sws] ou déteste un culte prescrit par la religion que les musulmans rendent à Allah, est un non-croyant, exclu de la communauté musulmane, en raison de ce qu’a dit le Très-Haut :
« C’est parce qu’ils ont de la répulsion pour ce qu’Allah a fait descendre. Il a rendu donc vaine leurs œuvres « 384, or l’ oeuvre ne devient vaine que par la mécréance.
C’est celui donc qui a de la répulsion pour le caractère légal de la prière est un non-croyant –kâfir– même s’il prie. Celui qui a de la répulsion pour le caractère légal de l’aumône légale –zakât– est un non-croyant même s’il s’en acquitte. Quant à celui qui trouve ces prescriptions lourdes sans éprouver pour elles de la répulsion, il n’est pas considéré non-croyant mais il porte une des qualités des hypocrites. Il y a donc une différence entre trouver lourde une chose et éprouver de la répulsion pour cette chose.
Cette sourate comporte les points suivants :
– Elle montre le bienfait d’Allah sur son Envoyé [sws] en lui accordant le bienfait en abondance.
– L’ordre de se consacrer à Allah- Puissant et Majestueux- dans l’accomplissement de la prière, dans l’immolation et dans tous les autres actes d’adoration.
– Elle montre que quiconque hait le Prophète [sws] ou hait quelque chose de sa loi est un « mutilé » parce qu’il est privé de tout bien et de toute bénédiction.
376 Voir le sahîh Muslim (hadith n°2300) d’après Abû Dharr. Il est sous le numéro 2301 d’après Thawbân
377 Hâdith authentique, rapporté par al Bukhâri (n°335) et Muslim (n°521), d’après Jâbir ‘abd Allah
378 Voir « al jâmi’ » d’at-Tirmidhi, hadith n° 2670 d’après Anas b. Mâlik
379 Coran, XVII, 79
380 Note du traducteur : Le « nahr » consiste à porter le couteau au bas du cou de la bête. Le « dhabh » consiste à l’égorger
381 voir « al-jâmi’ » d’at-Tirmidhi, hadith n° 815, d’aprè Jâbir b. ‘abd Allah
382 Coran, V, 8
383 Coran, XLVII,9.
384 Coran, XLVII, 9.